Après avoir refusé volontairement d'admettre que j'étais addict au jeu, j'ai laissé peu à peu cette addiction aux paris sportifs m'entraîner dans la désocialisation, les difficultés professionnelles, l'endettement et, au final, à la dépression et a des idées suicidaires.

Au début, il y a moins de dix ans, je jouais alors, avec plaisir, des petites sommes (rarement supérieur à 10 €) et pas de façon systématiquement quotidienne. J'avais de toute façon, à l'époque, peu de moyens.
Puis, un grave soucis familial que j'ai mal vécu m'a fait me réfugier chaque jour davantage dans les jeux au point d'en devenir addict. Au bout de cinq ans, grâce à l'aide d'un proche, j'ai fait la démarche de me faire interdire dans les jeux en ligne. Je me suis alors aussitôt "rabattu" dans les paris chez les buralistes. Et plus le mal-être grandissait, plus les dettes s'accumulaient, plus je jouais.
Le plaisir y était désormais inexistant, et même les tickets gagnants à plusieurs centaines d'euros ne me donnaient aucune joie puisque je rejouais systématique la somme gagnée. A la fin, j'en gardais seulement une petite partie afin de faire quelques courses, nos cartes (celles de mon épouse également) étant bloquées.
Ayant un métier qui me permet de gagner très bien ma vie, j'ai beaucoup dépensé et estime avoir perdu, en sept ans, au moins 500 000 € (cela peut paraître incroyable, mais quand on gagne très bien sa vie et que chaque mois quasiment l'intégralité de son salaire passe dans les jeux, c'est possible).

Un véritable gouffre auquel j'essaye le moins souvent de penser, pour éviter de me morfondre et surtout pour ne pas être tenter de rejouer afin de récupérer au maximum l'argent perdu.
Aujourd'hui, ayant des dettes très importantes et mes banques prête à me mettre en interdit bancaire, vivant dans le mensonge, dans l'isolement, ayant des difficultés même à me concentrer dans mon travail, j'étais à deux doigts de mettre un terme définitif à cette vie infernale en prenant une décision... définitive et tragique.

Heureusement, la Providence a fait que j'ai eu la faiblesse, mais en fait le courage, de tout dire (ou presque) à mon conjoint, puis à des proches de ma famille. Première libération, premier petits pas qui, je l'espère en entraînera beaucoup d'autres pour me permettre de me sortir définitivement de cette addiction. C'était un vrai soulagement de voir la réaction de mes proches qui, comprenant que je suis malade, n'ont pas posé de jugement ou de condamnation, mais veulent m'aider.

Pour le moment, je suis aidé par un psychologue. Un proche familial règle les problèmes financiers. Après, "reste" le sevrage a effectuer, ce qui n'est pas évident quand on jouait jusqu'à 1000 euros sur une journée, et que ton mon temps libre (et même au boulot) était dédié aux paris.
L'idée de ne plus jouer 1 seul euro, jusqu'à la fin de ma vie me paraît encore aujourd'hui impossible et même insupportable.
Donc je vais voir avec mon conjoint si je peux continuer à jouer, mais avec un cadre extrêmement limité et encadré. Où je ne jouerai plus seul. Et en toute transparence. Du mensonge ne peut sortir le bien.
Si le jeu n'a été qu'une chose négative dans ma vie, il est illusoire de se dire que quelque chose de positif puisse en sortir.

Le chemin va être encore long, difficile, semé d'embuches et probablement de rechutes. Mais j'y crois. Je ne vais pas laisser les Jeux gâcher ma vie alors que j'ai une femme, des enfants magnifiques, un métier aussi passionnant que bien payé, une belle maison...

Il y a une semaine je croyais que j'étais au fond du trou, irrémédiablement. Mais maintenant, je veux en sortir.

Courage à toi, joueur maladif. Tu peux t'en sortir. Fais-toi aider ! On va y arriver !