Bonjour, depuis six ans notre fils, père de famille, perd tous les mois des sommes importantes et parfois la moitié de son salaire (1400 euros). Il est cependant conscient d’être malade, mais ne veut pas consulter ni même appeler de manière anonyme votre numéro où il pourrait être aidé. Alors comment faire ? En six ans nous avons tout essayé pour pouvoir l’aider à s’en sortir…seul lui peut décider de consulter. Les années passent, les pertes d’argent s’accumulent et les projets tombent à l’eau . Merci de vos conseils .
Commentaire du modérateur
Bonjour,
Votre fils en est à un stade où il a conscience de son problème mais où celui-ci ne le touche pas suffisamment pour qu'il prenne la décision de s'arrêter. Le jeu apporte des sensations fortes, vient parfois faire diversion pour des problèmes personnels et contient des mécanismes qui favorisent l'addiction (par exemple l'idée de récupérer l'argent perdu).
De votre côté vous avez conscience que seul lui peut prendre la décision d'essayer de faire quelque chose. C'est-à-dire que vous ne pouvez pas faire à sa place la démarche de se faire aider. En revanche - et vous avez raison - vous venez vous renseigner pour essayer de savoir quoi faire. Voici quelques indications :
Décider d'essayer d'arrêter relève d'une "balance décisionnelle" entre les pour et les contre continuer à jouer. Pour l'instant votre fils a plus de "pour" et pas assez de "contre".
Ce que vous pouvez faire c'est souligner, à chaque fois qu'elles se manifestent, les difficultés que son activité de jeu génère : difficultés financières mais aussi dégradation de ses relations sociales et peut-être pertes du côté de sa santé et de son confort. Le simple fait de les nommer - avec bienveillance, toujours avec bienveillance car il ne s'agit pas de le lui reprocher ou de l'accabler - rend concret ces choses qu'il aura tendance à mettre sous le tapis. N'apportez pas de solutions mais dites juste les faits.
L'exemple et le passage par des tiers peut parfois débloquer les choses. Un film, un article, un reportage, l'exemple d'un autre joueur en difficulté peut être le support d'une discussion qui l'aide à "prendre conscience". C'est toujours plus facile de comprendre quand on parle des autres que quand on parle de soi. Donc n'hésitez pas, si l'occasion se présente à aborder ces sujets par le biais de tiers qui serviraient d'exemple.
L'épauler reste important. Votre fils aura plus vite envie de s'en sortir s'il se sent entouré et aimé malgré tout, si son entourage ne le rejette pas mais sait aussi lui montrer que cela ne va pas. En revanche, l'épauler ne doit absolument pas signifier "payer ses factures", "combler ses déficits", "lui prêter de l'argent". Il vaut mieux éviter de faire cela avec un joueur actif (qui joue) car cela ne fait que prolonger son addiction. Le confronter aux difficultés financières dans lesquelles il se met est important. Les difficultés financières sont le premier levier pour décider un joueur d'arrêter.
L'informer sur l'addiction aux jeux d'argent et sa prise en charge (les centres de soins gratuits, les méthodes pour se sortir du jeu, les mécanismes d'interdiction) peut aussi pousser sa décision. Nous vous encourageons à vous documenter sur ce problème et ce qu'il recouvre et à lui en parler.
Enfin, sachez que vous-même pouvez bénéficier de l'aide de notre ligne ou des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA). Vous n'êtes pas seul(e)s dans cette aventure et les soutiens, même s'ils sont rares, existent pour vous aussi. C'est un moyen d'y piocher de l'énergie et des idées pour continuer à l'épauler au long cours. Nous pouvons vous donner les adresses de CSAPA proches de chez vous. Appelez-nous ou utilisez notre annuaire pour ce faire. Notre forum pour l'entourage pourra peut-être vous inspirer également.
Pour conclure soyez patient, essayez de tempérer votre désespoir et de continuer à l'épauler. Il peut, un jour, prendre la décision qu'il faut et s'en sortir.